lundi 2 mars 2009

La peste

Ces jours-ci, on parle beaucoup des jeunes et de l’intimidation à l'école (commentaire de Pat Lag le 25 février 2009 sur Cyberpresse). Une des constantes dans les situations d’intimidation est bien sûr le rapport de force entre le « fort » et le « faible », où le perdant semble toujours être le même. Bref, à l’enfance et l’adolescence, mieux vaut ne pas être « rejet ». L’équation « être rejet » = « souffrir d'intimidation » n’est pas absolue. Tous les rejets ne seront pas intimidés. Toutefois, tous ceux qui seront victime de ce genre de sévices ont de très fortes chances de devenir rejet s’ils ne l’étaient pas au départ.

Tout cela me replonge dans mes lointains souvenirs du secondaire (qui remonte à plus de 15 ans). Heureusement, je n’ai jamais été rejet et encore moins bully. À l’époque (aujourd’hui encore, j’imagine), je n’étais rien. Rien, dans le sens de « aucune étiquette ». À l’adolescence spécialement, cette absence d’étiquette vaut de l’or.

J’ai toujours trouvé déplorable que certains (plus faibles? plus démunis?? plus laids???) se fassent attaquer de la sorte. Paradoxalement, je n’ai jamais pris leur défense, bien que l’envie se soit souvent faite sentir. Pourquoi n’ai-je jamais mis mes culottes et défendu le persécuté? Parce qu’au primaire et au secondaire, la peur de se voir apposer l’étiquette « rejet » nous tenaille. Je me rappelle clairement avoir ressenti cette peur à quelques reprises lorsque je suis arrivée dans cette nouvelle école (publique, mixte et sans uniforme; tout le contraire de l’ancienne) en secondaire IV. La détermination de la caste à l’adolescence tient à bien peu. Elle se joue en quelques instants et peut être défaite instantanément. On marche sur une corde raide. Jusqu’à ce qu’on se fasse un groupe d’amis sincères et qu’on réalise que si ces amis ne sont pas considérés comme cools et populaires, ils ne sont pas non plus étiquetés rejets. Alors on peut respirer, en espérant ne jamais être pris en grippe, pour une raison valable ou futile, par un(e) baveux(se) du groupe des cools et se mériter une étiquette pire que la peste. Alors on regarde les rejets se faire intimider avec un soupir de soulagement en se disant qu’on l’a échappé belle.